Malgré quelques efforts récents, les personnels de l'Education nationale ne sont bien souvent pas préparés à certains aspects fondamentaux du métier qu'ils sont appelés à exercer. Les enseignants n'ont dans leur ensemble à l'entrée dans la carrière pas de connaissances précises sur le système éducatif ni, ce qui est plus grave, sur les élèves. Quand ils exercent dans l'enseignement technique, ils ont souvent une vision partielle du système productif que les enseignants des disciplines générales ignorent encore bien davantage. D'une façon générale, ils n'ont pas l'occasion, au cours de leurs études, de tester leur capacité de transmettre le savoir qu'ils ont acquis. On ne leur apprend ni à organiser le travail des élèves ni à éveiller leur curiosité. Ces lacunes ont pour conséquences des difficultés, souvent graves, dans l'exercice du métier, et si la majorité des enseignants parviennent après quelques années d'exercice et grâce à leurs efforts personnels, sans le soutien des institutions, à les combler, il serait évidemment plus conforme à l'intérêt général et du devoir de l'Education nationale de faire d'une véritable formation professionnelle un élément essentiel de la formation initiale dont elle a la responsabilité. Alain Savary, conférence de presse du 19 mars 1982